COVID-19 et SITUATION MONDIALE


En tant que responsable d’ONG humanitaire spécialisée dans l’aide au développement de laboratoires de biologie médicale BIOLOGIE SANS FRONTIERES, je me dois de me poser les questions essentielles au développement de l’épidémie de Coronavirus (SARS-CoV-2). Cette maladie virale (COVID-19) touche aujourd’hui plus d’une vingtaine de pays et a contaminé pratiquement 100 000 personnes avec un taux de décès de 2 – 2,5% en Chine.

En suivant jour après jour, les données OMS, nous nous rendons compte que le nombre de cas chinois ne s’emballe pas : il augmente chaque jour (ou à chaque bulletin OMS) d’environ 1 %. De plus, depuis plus de 10 jours, le nombre de pays touchés semble stable (26 actuellement). Ces données semblent donc rassurantes …

Et pourtant, le nombre de cas internationaux s’envole avec une augmentation 10 fois supérieure proportionnellement, certes liée à un effectif plus réduit. Plus inquiétant, de nouveaux cas, hors de Chine, n’ont pas permis d’identifier avec certitude le cas index ou cas 0 (Italie, Corée, …). Et encore plus inquiétant (surtout quand on connait l’intensité des liens commerciaux entre la Chine et le continent africain), aucun cas n’a été identifié en Afrique subsaharienne ! En expert et acteur de terrain africain, je pense plutôt que bon nombre de pays africains n’a pas capacité et structure sanitaire pour réaliser un diagnostic. Seuls certains pays africains bénéficient de centres de référence (1 par pays !) probablement embolisés par des demandes irrationnelles liées à l’amplification médiatique.

Je suis donc particulièrement inquiet et pense que la pandémie n’a aucune chance d’être évitée (avis personnel). Je suis encore plus inquiet quand on sait que ce virus est nouveau et qu’il n’existe donc aucune personne préalablement immunisée : il peut donc toucher « tout le monde » !

Il faut cependant éviter tout affolement ou réactions irrationnelles, ce virus ne serait pas plus dangereux que la grippe : qui aujourd’hui s’affole et ferme des écoles ou lieux publiques quand la grippe arrive ? Qui arrête de voyager ou porte un masque en hiver dès les premiers cas de grippe ? Qui refusera d’accueillir son voisin ayant été au chevet de son enfant et/ou d’un grand-père grippé ? Quel hôpital accueille les patients grippés en chambre hypo-barre et en niveau de protection P3 ? Tout cela est simplement irréalisable pour la grippe !

Pas d’affolement ne veut pas dire « ne rien faire » en terme de prévention et limitation de sa propagation. Sur ce point il est important que les hyper-spécialistes (épidémiologistes et virologues qui étudient ce virus) nous précisent au plus vite comment ce virus se transmet et comment limiter sa propagation de la manière la plus efficace et réaliste possible (exemple pour la grippe : l’utilisation de soluté hydro-alcoolique au niveau des soins est cruciale et bien plus qu’un masque !). Comment préparer et préserver le corps médical irremplaçable dans ce combat ?

Agir, c’est aussi ne pas être acteur de sa propagation qui est intimement liée AUJOURD’HUI aux échanges humains internationaux. BSF participe chaque année à plus d’une vingtaine de missions internationales (bilan carbone certes négatif mais bilan humanitaire hautement rentable, je vous le garantis). En conscience, chaque membre de BSF devra s’il le peut reporter sa mission sur le continent asiatique et/ou épidémique et/ou en PED, ceci est un conseil citoyen : c’est ce que je propose POUR TOUTES NOS ACTIONS de BSF si cela est possible, je signerai les ordres de mission en conséquence.

Si je fais cette proposition de différer (mais de ne pas annuler nos interventions), c’est parce que « limiter sa propagation » pourra peut-être avoir un impact bénéfique et sauver des vies en l’attente de vaccin ou traitement spécifique : j’espère aussi que ce virus ne saura pas s’adapter et traverser les saisons et les climats (virus saisonnier qui deviendra moins contagieux ou virus qui comme le SRAS disparaitra ?). L’avenir nous le dira… Dernière note d’optimisme !

Civiquement et humanitairement,

Pr Pierre FLORI,
Président BSF

Image source:https://globalbiodefense.com/2020/02/13/expert-recommendations-for-us-and-global-preparedness-for-covid-19/